Publié le 21 Septembre 2016

Quatrième édition des "Voyages avec ma Fille"

Quatrième édition des "Voyages avec ma Fille"

Quatrième édition des "Voyages avec ma Fille". Cette fois nous sommes retournés en Irlande, faire un tour du magnifique et sauvage Connemara et visiter le site exceptionnel des Falaises de Moher, au sud de Galway.

Voyage à vélo physique tant par le relief que par les éléments ! 

Tout d'abord le vent, qui venant du sud-est, nous a bien aidés pendant une partie du chemin. Mais nous avons dû l'affronter de face durant d'autres étapes... et quel vent !  Puis la pluie, abondante dans cette région du monde puisqu'il y tombe environ1 600mm d'eau par an (contre environ 650mm à Paris...). Pas étonnant que l'Irlande soit si verte.. Heureusement que le soleil était aussi au rendez-vous les jours où il était le plus attendu !

En ce qui concerne le relief, on retrouve les chausse-trappes des routes de bord de mer, en montée et en descente continue : tantôt longeant la plage, tantôt grimpant sur les falaises en surplomb...et l'intérieur du pays est aussi un bon défouloir pour les mollets.

Le bouquet c'est quand tout se combine pour tester la patience et la résistance du cycliste, chargé comme un animal de bât.

Comme les fois précédentes, c'est Jenny, ma fille, qui avait préparé le parcours, les étapes et les hébergements. Pas question d'emporter la tente en Irlande en septembre, on n'est plus des boy-scouts. (et la météo nous a donné plus que raison).

Le circuit choisi est repris sur la carte ci-dessous. Galway était le point tournant de notre voyage. Les étapes seront décrites au fur et à mesure de l'avancement.

 

  

 

La carte de notre voyage Connemara - Cliffs of Moher.

La carte de notre voyage Connemara - Cliffs of Moher.

Mise en route par le TER déguisé en TGV qui nous transporta de Paris Montparnasse à Morlaix.

Grosse chance ! Nous étions les seuls dans le compartiment à vélos, ce qui donne un peu plus d'air, car lorsqu'il est plein, on se croirait dans le box d'un cheval qui vient de gagner le Prix de l'Arc de Triomphe... 

C'était pas l'Orient Express mais c'était bien sympa tout de même !

C'était pas l'Orient Express mais c'était bien sympa tout de même !

Morlaix  - Roscoff par la route, histoire de se dégourdir les jambes après 4h de train. Les 25 et quelques kilomètres sont faciles et fort agréables le long de la Corniche. Un raidillon ou deux à Carentec puis de nouveau plat jusqu'à destination.

L'île Louët, un bijou au large de Carentec;

L'île Louët, un bijou au large de Carentec;

Le "Pont Aven" de la compagnie bretonne "Brittany Ferries" est à quai, prêt à avaler camions, camping-cars, voitures et le menu fretin des deux roues qui patientent sous un crachin persistant, qui cessera bien évidemment quelques minutes avant l'embarquement.

C'est notre cinquième voyage à bord des navires de cette compagnie et on ne s'en lasse jamais tant le service à bord est excellent à tous points de vue.

Le Pont Aven

Le Pont Aven

La mer sera légèrement agitée durant la nuit berçant les cyclistes dans les étroites couchettes.

Au matin on se réveille au large de Cork sous un ciel gris et peu engageant.

Le port de Cork

Le port de Cork

La cabine est étroite mais très fonctionnelle

La cabine est étroite mais très fonctionnelle

Après un solide petit déjeuner, les passagers sont invités à libérer les cabines afin que le personnel puisse remettre le navire en état pour le retour de l'après midi. A considérer le nombre de cabines c'est un travail qui demande une organisation militaire.

Descente au pont numéro 3, où nos ânes de métal ont passé la nuit. Les sacoches sont remontées et les rétros changés de côté, car ici on roule à gauche.  

Tout est absolument nickel.

Tout est absolument nickel.

A 10h00 précises le navire accoste à Ringaskiddy et régurgite lentement son repas de la veille au soir. La ferraille des camions et autres véhicules et les arêtes du menu fretin n'ont pas dû convenir à son estomac. La douane est passée sans problèmes et c'est 'en route' -à gauche- vers la gare de Cork par le chemin que nous avions emprunté il y a 3 ans. La voie verte est une ancienne ligne de chemin de fer qui allait du port au centre. L'aménagement est superbe et permet d'atteindre Cork sans problèmes, à part une petite pluie qui nous donne le ton.

Notre train vers Galway -via Dublin !- est à 14h et quelques. On récupère nos billets commandés sur internet en renseignant les numéros de dossiers dans le distributeur de la gare. Trente secondes après tout est réglé. 

Train à l'approche en gare de Cork. Les sémaphores ferroviaires sont encore en service ici.

Train à l'approche en gare de Cork. Les sémaphores ferroviaires sont encore en service ici.

Le premier train est équipé d'un compartiment de marchandises ce qui permet d'embarquer les vélos tout montés. Le suivant, de Dublin à Galway ne nous offre pas cette facilité. Tout doit être démonté et les vélos placés dans des racks étroits, difficiles d'accès et mal adaptés aux cycles actuels.

Pas facile de passer dans le couloir avec  le trolley à thé...

Pas facile de passer dans le couloir avec le trolley à thé...

De Dublin, c'est plein ouest pour Galway. Changement de paysage après Athlone : tourbières, sapins, bouleaux, un peu la Toundra... Murs en pierres. Succession de ciel clair et de nuages menaçants, pluie...

A 20h00 on atteint la gare de Galway. La pluie a cessé. Le temps de remonter tous les sacs et on est en route pour la Guest House que Jenny a réservée. En route on croise des locaux en T-shirts et robes légères... On n'a visiblement pas la même conception de l'été, nous qui sommes engoncés dans nos cuissards longs..

Le B & B est sympa. En plus il est situé à l'ouest de la ville, facilitant le départ du lendemain. Les vélos sont une fois encore déchargés et remisés derrière la maison, à l'abri. Le chauffage est allumé dans la chambre.

Le sandwich de midi est loin et c'est au pas de charge que l'on se rend dans un pub du coin pour une première ration de Fish'n'Chips et de Guinness !

4 septembre. 

Ciel de traîne, plutôt clair mais frais. Après avoir ingurgité un excellent petit déjeuner "Full Irish" avec boudin noir au sarrazin, bacon, saucisses et oeufs sur le plat, on met en route pour les 50 km nous séparant du petit port de Ross an Mhil (Rossaveal), d'où part le ferry pour les îles d'Aran.

On passe la plage de Salthill avec son plongeoir années '50, où quelques courageux se jettent allègrement à l'eau... Des gamins jouent sur la plage. Visiblement on n'a pas la même notion de l'été et des joies de la baignade..

Nous, on était en polaire et coupe-vent...

Nous, on était en polaire et coupe-vent...

La Bretagne à côté c'est la Côte d'Azur..

La Bretagne à côté c'est la Côte d'Azur..

La route côtière est très passante. C'est dimanche. On est obligés de raser les bords, passant, tous les trois traits, sur les petits 'catadioptres' qui délimitent les routes d'Irlande afin d'aider l'automobiliste par temps de brouillard, (ou autre...).

Rapidement, (et très souvent), il nous est rappelé que nous sommes en Terre Catholique. Les calvaires sont de véritables mises en scène.

En quittant Galway..

En quittant Galway..

Les paysages deviennent vite chaotiques, minéraux. Murs de pierres sèches, petits arbres tordus par les vents.. D'énormes dalles de pierre affleurent et mèlent leur gris au vert intense des prairies que moutons et vaches peinent à tondre tant l'herbe est drue.

De loin, en bord de mer,  on aperçoit ce qui semble être un champ hérissé de poteaux en pierre. A l'approche, cela s'avère être un cimetière. Il est au bout d'un chemin à Inverin. L'endroit est désolé. Les hautes croix rendent ce lieu un brin sinistre.  

Toutes les croix sont tournées vers l'est.

Toutes les croix sont tournées vers l'est.

Les quelques gros blocs du brise-lames, au bout du chemin, sur une 'plage' de galets, sont parfaits pour le pique-nique. C'est marée basse, les roches découvertes sont tapissées d'algues jaunâtres. L'air est très iodé.

La route suit la côte donc pas de risque de se perdre. Un panneau annonçant l'entrée au Connemara nous accueille. Photo rituelle bien sûr.

 

Le Gaélique est omniprésent.

Le Gaélique est omniprésent.

Bref arrêt à l'aérodrome du Connemara histoire de demander un coup de tampon (qu'ils n'ont pas...) et continuation sur la route passante et de plus en plus désolée. Un grain nous oblige à nous déguiser en scaphandriers. 

Un General Store (petit magasin vendant un peu de tout, comprenant souvent un bureau de poste en milieu rural), nous ouvre son guichet et nous appose 7 tampons régionaux dans nos carnets. Très sympa, surtout un dimanche après-midi ! 

L'intersection vers Rossaveal n'est plus qu'à 5 km. On arrive à la cabane du ferry bien en avance, les réservations internet sont échangées pour des billets de passage. 

Avec deux heures 'à tuer' sous un crachin froid et pénétrant c'est direction l'unique pub pour une tasse de thé.

Des écrans TV diffusent la finale de Hurling entre Kilkenny et Tipperary. Ca chauffe !

Drôle de jeu, mélange de hand-ball, de tennis et de jokari, se jouant sur un terrain de rugby avec filets de foot dans la partie basse des 'buts'. Chaque joueur des deux équipes qui s'opposent est muni d'une batte et tente d'expédier une balle en cuir très dure dans les buts adverses.

Difficile choix pour nous : rester à l'intérieur et subir les très bruyants commentaires des clients 'scotchés' aux écrans ou attendre dehors, dévorés par les midges. Ces minuscules insectes volants vivent dans les tourbières et les landes, s'infiltrent partout, et entraînent chez les uns et les autres divers mouvements totalement desordonnés qui n'ont pour effet que de les rendre plus aggressifs encore ! 

 

Un des ferries des îles Aran

Un des ferries des îles Aran

Vers 18h00 nous pouvons enfin accéder au bateau. Les vélos sont débâtés, les sacoches chargées en cabine. Deux marins costauds empoignent les ânes de métal et se les passent au dessus du bastingage. Ils sont rangés contre une rambarde à l'arrière du bateau.

La mer est pas mal agitée et la pluie tombe par rafales. En 45 minutes de traversée houleuse nous atteignons Kilronan, le petit port abrité d'Inishmore, la plus grande des trois îles.

Les sacs sonts accrochés sommairement aux vélos et c'est la course sous des bourrasques de pluie vers le petit hôtel situé tout près de la jetée. Check-in rapide. Vélos remisés au sec dans la réserve à biere. Douche et dîner au restaurant de l'hôtel.

Le chauffage est allumé !

A 22h15 il tombe encore des cordes... ça promet pour demain.

5 septembre.

Au lever il tombe encore des cordes.... et le vent souffle.. Rien de tel qu'un petit déjeuner irlandais pour se préparer à affronter les intempéries.

On n'a qu'une journée alors pas question de trainer... Faut y aller !

Après avoir enfilé les habits de pluie on passe chez le loueur de vélos pour obtenir une carte des circuits possibles. On passera par la route haute pour aller au Fort de Dun Aonghasa, un des hauts lieux de l'île.

A peine en route, Jenny est mêlée à une embrouille entre un cocher/taxi et son chaton. Ce dernier avait décidé de suivre son maître sur la route. Résultat : Jenny est embauchée pour tenir le cheval pendant que le vieil Irlandais, à grands renforts de jurons puissants, chassera son chaton à travers un muret.  

Le chaton ne voulait rien entendre !

Le chaton ne voulait rien entendre !

Tous les verts sont dans la nature...

Tous les verts sont dans la nature...

...ou comment recycler des vieux pneus..

...ou comment recycler des vieux pneus..

Les préposés du Visitor Center du Fort sont intrigués par nos carnets mais apposent quand-même leur cachet dans nos carnets. Voucher échangé, guide acheté et nous voilà à grimper à travers les "champs", en réalité une énorme carapace de pierre avec ici et là quelques brins d'herbe que des vaches broutent patiemment.  

Faut pas faire le difficile...

Faut pas faire le difficile...

On passe successivement les trois enceintes du Fort érigé il y a une trentaine de siècles.

Trois demi-cercles ouverts vers la mer, comme si l'autre moitié des cercles avait été englouti par les flots.

Et là c'est la sidération car ces demi cercles concentriques se terminent sur le vide. L'océan furieux fouette inlassablement la roche 87m plus bas.

Pas de barrière, pas de rambarde, pas de panneau d'interdiction (autre que de grimper sur les structures ou de salir les lieux), pas de gardien !  Chacun s'assume ...

Je fais une mini-vidéo de l'à-pic en me mettant à plat ventre au ras du bord et en filmant l'océan à la verticale... C'est effrayant !

Heureusement que depuis le matin, la météo s'est quelque peu améliorée. Le vent est tombé et il ne pleut plus..

On est dans un domaine 100% minéral. Pas de buissons, encore moins d'arbres...seulement quelques petites fleurs, des pissenlits...

 

87m jusqu'à l'eau...très froide...

87m jusqu'à l'eau...très froide...

Vue vers le nord-ouest de l'île.

Vue vers le nord-ouest de l'île.

Détail du mur d'enceinte intérieur du fort. Environ 6 500 tonnes de pierres...

Détail du mur d'enceinte intérieur du fort. Environ 6 500 tonnes de pierres...

Après une visite passionnante des lieux on redescend, histoire de remettre du pétrole dans les cyclistes avant d'aller voir d'autres merveilles. 

La station de taxis...

La station de taxis...

La salade au fromage de chèvre de l'île fut délicieuse et les pâtisseries nous attiraient comme les sirènes, mais la météo s'étant un peu améliorée on remet vite en route. Il y a encore tant à voir !

Les ruines des sept chapelles ne présentent pas d'intérêt particulier aussi on fait demi-tour pour aller découvrir un autre site époustouflant : le "worm hole", litéralement, le 'trou de ver'.

 

Beaucoup de maisons sont à l'abandon..

Beaucoup de maisons sont à l'abandon..

Ne pas oublier son fil d'Ariane... Jenny suivant le chemin entre les murs de pierre..

Ne pas oublier son fil d'Ariane... Jenny suivant le chemin entre les murs de pierre..

On y accède par une route étroite que l'on découvrira après avoir parcouru des kilomètres d'un petit chemin serpentant entre des murs de pierre.. (Murphy était Irlandais..). Véritable labyrinthe de zig-zags sans fin.

L'accès au lieu est à peine indiqué. Un trait de peinture rouge tracé sur la carapace de pierre, de place en place; une flèche à demi effacée... Faut vraiment vouloir y aller !

On attache les vélos et on se met en route sur un plateau infini de dalles plates, usées par les éléments, fissurées, cassées, délimitées par d'étroites bandes d'herbe..

L'endroit est effrayant, indescriptible. Il faut le vivre avec tous ses sens pour le comprendre, pour l'absorber. D'autant plus que la mer, qui taraude sans cesse cet énorme porte-avions de pierre, n'est qu'à quelques mètres en contre-bas.

 

C'est là-bas,au coin,que l'on se rendait..

C'est là-bas,au coin,que l'on se rendait..

Ici, on n'est plus sur la terre de l'Homme;..

Ici, on n'est plus sur la terre de l'Homme;..

Juste après 'le coin' mentionné ci-dessus...La mer préparait un éboulement majeur !

Juste après 'le coin' mentionné ci-dessus...La mer préparait un éboulement majeur !

Il fallait encore aller jusqu'au 'coin' suivant... Curiosité, quand tu nous tiens...

Il fallait encore aller jusqu'au 'coin' suivant... Curiosité, quand tu nous tiens...

Aujourd'hui, on a de la chance car la mer est 'calme'... je n'ose pas imaginer cet endroit durant une tempête..

Le 'worm hole' est atteint après une longue marche à travers cette 'plage' rocheuse infernale, succession de 'nids de poule' remplis d'eau de mer absolument transparente, bordés d'algues très vertes, de mousse, de boursouflures calcaires.. Faut faire attention où l'on met les pieds.

L'énorme trou rectangulaire, 100% naturel, communique par le dessous avec la mer qui ne cesse de monter et de descendre à l'intérieur, bouillonnant à chaque assaut des vagues. La plateforme entourant le trou ressemble à une tranche d'éponge géante : circonvolutions de matière tendre que la mer détruit peu à peu.

La couleur de la roche change selon qu'elle est sèche ou mouillée. Sèche, elle reste plutôt claire, mouillée elle devient noire, plus effrayante encore !

Pour donner une idée de l'échelle..

Pour donner une idée de l'échelle..

Le Worm Hole, (Poll na bPeist en Gaélique). Dimensions : environ 9m x 20m.

Le Worm Hole, (Poll na bPeist en Gaélique). Dimensions : environ 9m x 20m.

Aujourd'hui, c'est calme...

Aujourd'hui, c'est calme...

IOn ne s'attarde pas trop car la météo redevient menaçante et l'idée de devoir slalommer sur des roches mouillées ne nous enchante guère.

Le retour se fait par le même chemin minéral.

Retour vers les vélos, pas trop près du bord !

Retour vers les vélos, pas trop près du bord !

A d'autres endroits, la pierre est découpée en plaques verticales !

A d'autres endroits, la pierre est découpée en plaques verticales !

rlFinalement, le ciel qui menaçait depuis un moment met ses menaces à exécution et on a droit à notre énième averse de la journée.

Retour à l'hôtel sous un crachin gras, froid et pénétrant mais heureux d'avoir découvert ces lieux exceptionnels qui éveillent tous les sens et qui rappellent à l'Homme sa minuscule place dans la nature...

 

 

ande6 septembre.

Réveillés de bonne heure pour le ferry de 8h15. Heureusement que l'on n'avait que la rue à traverser pour accéder au quai. Peu de monde ce matin. Les vélos sont chargés à l'arrière, nous en cabine.

En route on croise plusieurs dauphins qui filaient vers le large. Vision magique malheureusement trop éphémère. 

Arrivée à Rossaveal sans problèmes. Outre les nôtres, 14 autres vélos sont déchargés du bateau Un groupe de Russes les avaient réservés, mais vu la météo, ils se sont décommandés. Malgré le transport inutile, le vélociste de Clifden qui les avaient fournis n'était pas entièrement mécontent car tout avait été payé d'avance...

Il pleut d'un beau crachin breton bien pénétrant... Les nuages sont pratiquement sur la route...On enfile une fois de plus les habits de pluie.

Arrêt au Spar local pour les provisions du pique-nique (qui pour l'instant reste du domaine du "wishful thinking"  -doux rêve- comme on dirait en Anglais).

La météo gâche l'étape car elle nous oblige à pédaler tête basse..

Dans un tel paysage, on aurait pu rencontrer des Licornes...

Dans un tel paysage, on aurait pu rencontrer des Licornes...

Seule consolation : le ciel gris fait exploser les couleurs....

Seule consolation : le ciel gris fait exploser les couleurs....

 CDégoulinants, bien trempés, on s'arrête dans un petit tea-room à Camus pour nous réchauffer. La conversation s'engage avec des Australiennes, dont une de Tasmanie, pas dépaysée au niveau du climat.. Des motards sont également présents, aussi handicapés que nous. Bientôt tout le café parle à tout le café... J'offre de l'aide à un cycliste bien erraflé au genou. Il venait de prendre une sérieuse gamelle sur le revêtement glissant. 

Malgré la météo, les vues sont splendides.

Malgré la météo, les vues sont splendides.

oRemise en route en direction de Carna en longeant la côte, qui en temps normal doit être splendide, si l'on arrive à faire abstraction des 'midges', ces minuscules moustiques qui vous assaillent dès que l'on s'arrête une minute..

Cependant, même ce qui paraît négatif peut produire des effets positifs.... Rien de tel qu'une attaque de Midges pour faire pédaler Jenny...

Eau + Tourbières + Douceur du climat = MIDGES...

Eau + Tourbières + Douceur du climat = MIDGES...

nnemaUn mouton patriote nous remet du baume au coeur. Chaque troupeau a son code couleurs. Y'a plus qu'à les tondre et tricoter... 

Faut pas que le chien du berger soit daltonien...

Faut pas que le chien du berger soit daltonien...

ra Près de Kilkieran, un pont enjambant une rivière offre des vues intéressantes en amont et en aval. On arrête quelques instants pour faire des photos. Miracle, est-ce l'air marin..ou les algues qui font fuire les Midges ? En tous cas, il n'y en a pas. C'est le bonheur !

Roches, algues, vieux bateaux..

Reflets et harmonie des couleurs..

Reflets et harmonie des couleurs..

Ceux-là flottent encore...

Ceux-là flottent encore...

Celui-ci, c'est moins certain..

Celui-ci, c'est moins certain..

1On arrive de bonne heure à notre hébergement de Carna. Météo oblige, le pique nique sera pris dans la chambre.

Eclaircie !  On en profite.

La mer remonte jusqu'à une anse, derrière la petite église dédiée à St MacDara, le Saint le plus vénéré du Connemara. Voici plus de quinze siècles, il a bâti une minuscule chapelle sur un ilôt voisin.  Elle est toujours là... De nombreux pèlerins s'y rendent.

L'anse n'est pas praticable à la navigation. C'est même compliqué d'en faire le tour à pied.

Une averse subite nous contraint à rentrer. Cette fois c'est direction le bar. Il était plus que temps de faire un premier essai des spécialités locales !

Le dîner est intéressant : trois tranches de rôti de boeuf archi-cuit délicatement disposées sur un 'lit' de purée de pommes de terre et de purée de carottes, accompagnées de pommes vapeur et de rondelles de carottes... Une tête de brocolli décore l'ensemble.  Rien à dire, on a eu nos cinq legumes de la journée !

La Chapelle est entre ses mains...

La Chapelle est entre ses mains...

L'anse : un chaos de couleurs !

L'anse : un chaos de couleurs !

22h00 : extinction des feux. Les habits sèchent dans la chaufferie, que des bottes de cheval et autres équipements équestres parfument d'un délicat fumet....

7 septembre.

Le petit déjeuner est massif, comme le dîner d'hier soir... On met en route. 1er arrêt : la pharmacie pour acheter de la lotoion anti-midges... Un coup de spray et en c'est parti pour les 40 km qui nous attendent aujourd'hui.

Très rapidement le paysage devient sauvage comme dans les highlands d'Ecosse. La route serpente sans grosses difficultés à travers d'immenses étendues de tourbe, de roseaux, de bruyère, le tout bien spongieux, dégorgeant une eau brune.

Jenny, le nez au vent..

Jenny, le nez au vent..

Elle est bien seule...

Elle est bien seule...

Très peu d'arbres mais de plus en plus de moutons. Nombreux arrêts photo tant cette nature est superbe, tant les couleurs, les dégradés, les contrastes sont saisissants.

Pas de risque d'impôt sècheresse..

Pas de risque d'impôt sècheresse..

La route quitte la côte à l'embranchement pour Cashel, à gauche, et part à l'infini, zigzaguant à travers ce paysage ingrat mais grandiose. Des tas de 'briquettes' de tourbe sèchent en bord de route ou en 'pyramides' çà et là.

Que du bonheur !

Que du bonheur !

La tourbe est devenue une denrée rare et son extraction reglementée

La tourbe est devenue une denrée rare et son extraction reglementée

De rares maisons mettent quelques touches de blanc sur les flancs des 'montagnes'. Des moutons à tête noire et laine blanche circulent un peu partout, souvent sur la route, occasionnant de gros coups de klaxon....et parfois de frein. Ils ont des départs parfaitement imprévisibles. En vélo mieux vaut s'en méfier, surtout quand ils broutent sur les talus bordant la route.

Ceux-là sont parqués...

Ceux-là sont parqués...

...pas ceux-ci qui se promènent sur la Nationale 59..

...pas ceux-ci qui se promènent sur la Nationale 59..

On arrive à lough Inagh, un loc de plusieurs kilomètres de long et très très large. Reflets, couleurs... splendide.

On craignait le pire...mais rien n'est tombé..

On craignait le pire...mais rien n'est tombé..

Continuation sur la R334 dans des paysages titanèsques. Les poteaux téléphoniques et électriques sillonnent les flancs des collines reliant les maisons éparpillées au monde moderne.

Le vent (arrière, yesssss !) plie les herbes et façonne les quelques arbres. Ici, pas de liaison Internet, ni de réseaux gsm : l-e   b-o-n-h-e-u-r !

Faute d'avoir fait les provisions au départ, notre pique-nique sera un reste de pain et de fromage, un demi 'scone' et un confipote chacun, pris debout sur un talus le long d'une rivière "bordée" de moutons. Magique ! Brin de causette avec un cycliste rencontré le matin à l'hôtel. Il avait pris la boucle en sens inverse et se payait vent et côtes.. bon courage.

Un berger et son chien rassemblaient les moutons éparpillés par appels brefs. Le chien savait ce qu'il avait à faire et bientôt, tout le troupeau filait en ordre serré.

Arrivée à 16h00 à l'étape. Le Kylemore Pass Hotel. Magnifique, et quel accueil ! Vélos remisés dans le bar du bas, thé et petits biscuits servis au salon... 

L'hôtel est très 'cosy', à mi chemin entre châlet alpin et log-cabin américain. Stuart, le gérant, est exceptionnellement prévenant et sympathique. Aux petits soins pour rendre le séjour le plus agréable possible. On passera un bon moment à discuter avec lui des 'secrets' de la région, et même d'un 'distillateur' local de 'moonshine', un alcool capable de faire dresser les cheveux à un chauve...

La déco des lieux est délirante... collections d'objets hétéroclites, de bouteilles de bière, de porcelaine, de gravures, moulins à café, appareils photo... Il y a même une civière accrochée au plafond (on ne sait jamais..), etc...

Un whiskey 'Connemara' au bar et un excellent Irish Stew (ragoût d'agneau) mettent les cyclistes de bonne humeur malgré une météo qui s'est subitement dégradée (une fois de plus...)

A recommander deux fois plutôt qu'une !

A recommander deux fois plutôt qu'une !

Demain on verra...

Demain on verra...

8 septembre.

 

 

Bon début de journée....

Bon début de journée....

Au petit déjeuner la météo n'était vraiment pas très engageante, surtout que l'on avait prévu de parcourir le Parc National du Connemara et de grimper Diamond Hill, une colline 'aménagée' pour les touristes.

Environ 400m de dénivelé. Trois boucles successives se recoupent, permettent aux uns et aux autres de choisir leur parcours. La dernière section est un peu plus escarpée mais ne demande pas de qualités de grimpeur particulières. 

La météo se calme un peu et on décide de mettre en route. Habits de pluie de rigueur tout de même.

Les vélos sont sortis du bar.

Les vélos n'étaient pas forcément partants...

Les vélos n'étaient pas forcément partants...

La route jusqu'à l'entrée du parc ne fait qu'une dizaine de kilomètres. Elle passe le long d'un lac magnifique et de l'imposant Kylemore Abbey, occupé et entretenu par les Soeurs bénédictines depuis 1920. Les bas-côtés sont une haie ininterrompue de rhododendrons et de fuchsias.. 

Sur la route du parc..

Sur la route du parc..

La météo s'était améliorée un peu mais ce n'était pas encore gagné..

La météo s'était améliorée un peu mais ce n'était pas encore gagné..

On accède au parc en quittant la N59 à Letterfrack et en empruntant un chemin zigzaguant à travers une zone boisée. Les vélos sont attachés à une barrière métallique, juste devant la porte du Visitor Center.

Les trois circuits sont très bien balisés. Pour nous l'objectif était d'arriver en haut...

Les deux premières sections du chemin, les boucles jaunes et bleues, sont gravillonnées et équipées de passerelles en bois pour traverser les zones marécageuses. Elles ne présentent aucune difficulté bien que les muscles utilisés pour la grimpette ne semblaient pas être les mêmes que ceux du pédalage...

La montée se corse un peu dans 'la rouge' où l'on gravit le flanc de la montagne à travers des éboulis de pierres, sur des marches inégales et bien glissantes parfois.

Jenny faisant beaucoup de photos; je pars en avant et l'attends en haut, gardant néanmoins un oeil sur sa progression.

En un peu plus d'une heure on est en haut à admirer les très beaux paysages sauvages qui nous entourent. D'un côté les 12 Bens, de l'autre la mer et les îles... Juste en contrebas, la route que nous avions prise pour venir.. Dommage que la brume rende le panorama un peu 'laiteux'

Jenny arrivant en haut !

Jenny arrivant en haut !

Une entrée maritime menace. Il est temps de redescendre. Le chemin de retour est différent car la circulation se fait en sens unique pour éviter les 'embouteillages' aux endroits étroits. La descente est plus longue, mais malgré tout on fait le tour complet en moins de 2h30, durée que nous avait indiqué la responsable du Visitor Center.

Pluie fine et quelques midges nous accompagnent sur le parcours de retour. La soupe chaude servie au Coffee Shop sera bienvenue !

On visite les salles du centre axées principalement sur les tourbières, formation, exploitation, faune, flore etc... Dans une vitrine, un sapin, extrait de la tourbe, a été daté au carbone 14. Verdict : 8 600 ans ! L'arbre est en bois, non fossilisé. Impressionnant !

Retour à l'hôtel où l'excellent Stuart, prenant pitié des deux cyclistes trempés, propose de faire une lessive et de tout sécher dans la foulée. Quel service !

 

9 septembre.

Pluie battante, vent, tempête, la totale du cycliste... ça promet !

Petit déjeuner décontracté car on n'était pas pressés de nous frotter aux éléments. Finalement, vers 10h30 - 11h00 on ressort les vélos du bar et on se met en route, habillés de circonstance.

En 10 minutes on est totalement trempés. L'eau s'était infiltrée partout. On avance dans une météo de fin du monde secoués par les rafales de vent et de pluie. 

A Letterfrack on fait une halte au magasin 'Avoca' qui vend toutes sortes de productions locales (et moins locales), principalement pour nous mettre à l'abri quelques instants..

Alors que l'on quittait le magasin avec un sac ou deux de plus, un homme nous aborde dans l'entrée, intrigué par ma selle Proust. Discussion vélo... Il tient un magasin de cycles à Dublin et se trouve être le conseiller 'vélo' du Premier Ministre.. Encore une rencontre insolite !

Entre temps 'Dame nature' est passée de 'pas sympa' à 'pas sympa du tout'... Dès la sortie du bourg, la route monte lentement vers un plateau avant de redescendre vers Clifden.

Tant les bourrasques sont puissantes, nous sommes obligés de nous arrêter plusieurs fois en bord de route pour essuyer les lunettes et reprendre nos esprits... La partie sur le plateau est une bataille ininterrompue contre les rafales pour arriver à contrôler la trajectoire du vélo..

Finalement la route amorce sa descente vers Clifden. Le 'coupe-vent' des constructions et des arbres est bienvenu ! Il y a même quelques rayons de soleil... Fou !

On s'installe à l'hôtel "Alcock & Brown" -bien évidemment- mais les chambres n'étant pas prêtes, on débâte les ânes de métal qui sont rangés dans une remise et on file manger un bout, car les efforts nous avaient bien creusés.

Une fois encore la chambre prend des airs de blanchisserie Napolitaine, les habits sèchent partout où l'on peut les accrocher. Le dessus du radiateur affiche complet.

Clifden est une jolie petite ville pleine de couleur. Le centre est très actif. C'est un point de départ idéal pour toutes sortes de balades à pied ou en vélo. Les loueurs locaux sont très actifs et ont mis au point plusieurs circuits vélo très intéressants.

Quelques magasins de la rue principale

Quelques magasins de la rue principale

Un peu plus loin..

Un peu plus loin..

Un vitrail de Saint Brendan à l'église de Clifden

Un vitrail de Saint Brendan à l'église de Clifden

Au-delà des boutiques de souvenirs 'made in China', il y a beaucoup de magasins proposant de très beaux objets produits localement. On aurait pu être tentés par certains mais heureusement les sacoches nous rappellent à la raison..

Le festival d'art annuel est très actif. Cette année c'est la 39ème édition ! Toutes les formes d'expression artistique y sont représentées : peinture, sculpture, chant, poésie, danse, musique, etc...

Mais la ville de Clifden est aussi connue pour deux autres évènements majeurs qui l'ont 'mise sur la carte' et qui attirent encore aujourd'hui de nombreux touristes.

Guglielmo Marconi construisit une station de radio-téléphonie dans la tourbière de Derrygimla, à quelques kilomètres au sud de la ville et, en 1907, réussit la première liaison radio sans fil avec le nouveau monde.

En juin 1919, deux aviateurs Anglais, Alcock et Brown réussirent la première traversée de l'Atlantique en avion. Leur Vickers Vimy, un bombardier de la première guerre mondiale, modifié pour l'épreuve, relia les deux continents après un vol de 16h au-dessus de l'Atlantique, dans des conditions de vol effroyables.

La côte irlandaise franchie, pensant avoir affaire à une verte prairie, ils se posèrent en réalité dans la tourbière, tout près de la station de Marconi. 

Ils furent récompensés par le prix de £10 000 (environ €1,3 million) que le 'Daily Mail' avait mis en jeu et furent anoblis par le Roi.

Pour Jenny et moi, cet évènement revêtait une signification particulière, car il appartient en quelque sorte à notre histoire... En effet, Lord Nothcliffe, fondateur et propriétaire du Daily Mail, et d'Associated Newspapers n'était autre que mon grand-oncle... Dix ans avant, il avait aussi récompensé Louis Blériot, premier aviateur à réussir la traversée de la Manche...

Le choix de l'hôtel Alcock and Brown n'était donc pas fortuit. D'autant plus que le bar est tapissé de fac-similés d'articles de presse, de photos, de cartes, etc. relatant l'évènement.

C'est donc bien évidemment là que nous avons fini la soirée en rentrant de notre tour en ville.

Je laisse les photos raconter la suite de cette journée..

 

 

 

 

 

Alcock (le pilote) et Brown (le navigateur).

Alcock (le pilote) et Brown (le navigateur).

Le Vickers Vimy au décollage, en route pour l'Europe.

Le Vickers Vimy au décollage, en route pour l'Europe.

La route empruntée.

La route empruntée.

"Vimy arrived Clifden 8-40 gmt Machine damaged through landing in bog. alcock"

"Vimy arrived Clifden 8-40 gmt Machine damaged through landing in bog. alcock"

Le New York Times relate l'exploit.

Le New York Times relate l'exploit.

C'est Winston Churchill qui leur remettra le prix. Lord Northcliffe était souffrant.

C'est Winston Churchill qui leur remettra le prix. Lord Northcliffe était souffrant.

Fac-similé du chèque de £10 000.

Fac-similé du chèque de £10 000.

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Rédigé par johnsbikingtrips

Publié dans #Irlande Connemara 1

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Publié le 20 Septembre 2016

 Samedi 10 septembre.

Ce matin, ciel de traîne encore pas mal encombré. Enième petit déjeuner 'full Irish' justifié, comme tous les autres, par les kilomètres à parcourir, le vent, la pluie, la frugalité du pique-nique du midi... toutes les excuses imaginables pour essayer de se donner bonne conscience..

Passage au magasin de cycles (celui qui avait loué les vélos aux 'Russes d'Inishmore') pour acheter une carte des circuits vélo de la région, et à la poste pour des timbres.

Jenny y vivra une expérience assez étonnante ! N'ayant pas assez d'espèces et la poste ne prenant pas la carte de paiement, la préposé lui remet quand-même le carnet de timbres, lui disant qu'elle revienne payer quand elle aurait du liquide, avant 13h00, heure de fermeture du bureau. Incroyable mais vrai !

Laissant les sacoches à l'hôtel on file vers le début de la 'Sky Road', un petit circuit d'une quinzaine de kilomètres faisant le tour d'une péninsule située à l'ouest de Clifden. La route très étroite monte progressivement vers 150m d'altitude, offrant une vue extra de la baie et des nombreux ilôts. Magnifique circuit, venteux à souhait, parcouru sous un soleil timide et un peu de ciel bleu.

Les fanions battaient au vent...

Les fanions battaient au vent...

Quelle vue !

Quelle vue !

Pas facile de vivre sur une île.

Pas facile de vivre sur une île.

La verte Erin.

La verte Erin.

Encore deux 'licornes'

Encore deux 'licornes'

Les yeux ne savent où se poser tant le paysage est magnifique. Iles, champs entourés de murs de pierres sèches, moutons, fuchsias le long des routes, petits bois de sapins et de chênes...

Les moutons ne risquent pas de manquer d'herbe...

Les moutons ne risquent pas de manquer d'herbe...

L'Irlande, c'est LE pays des Fuchsias.

L'Irlande, c'est LE pays des Fuchsias.

Les 15 km de la Sky Road se font sans peine hormis un petit raidillon près du 'sommet'.

On repasse à l'hôtel pour récupérer les sacoches... et en route vers le sud pour le mémorial et le site d'atterrissage du Vickers Vimy. 

Le 'Visitor Center' est en libre service. C'est une serie de petits kiosques d'information construits ça et là le long d'un étroit chemin goudronné qui serpente dans la tourbière, jusqu'au monument commémorant l'atterrissage. Un second monument se trouve sur une colline de l'autre côté de la route.

Le lieu où s'est 'crash-landed' l'avion d'Alcock et Brown se trouve au milieu de la tourbière, tout près de ce qui était alors la station radio de Marconi.  

La tourbière n'a pas aimé l'intrus..

La tourbière n'a pas aimé l'intrus..

Le premier vol trans-Atlantique s'est terminé à quelques centaines de mètres derrière ce monument.

Le premier vol trans-Atlantique s'est terminé à quelques centaines de mètres derrière ce monument.

Quelques éléments de la station de Marconi sont encore visibles.

Quelques éléments de la station de Marconi sont encore visibles.

Pas de problèmes de séchage... Mon pantalon de pluie faisait une belle manche à air..

Pas de problèmes de séchage... Mon pantalon de pluie faisait une belle manche à air..

L'obus blanc marque l'endroit. La main courante qui l'entoure raconte l'histoire. C'est émouvant d'avoir découvert et visité ce site...entourés de moutons, chahutés par le vent, sous un ciel impeccable. On pique-nique sur place, assis sur la passerelle qui donne accès aux lieux. C'est un moment de grand bonheur.

On repart vers 15h00 direction Cashel, via la Bog Road, une petite route zigzaguant à travers la lande, longeant les nombreux lacs, véritables miroirs du ciel, qui la bordent. Au nord, une vue exceptionnelle sur les Bens. La route nous appartient, c'est magique. Mais quel vent ! 

Ajoncs, sorbiers, roseaux, bruyères, petits saules, fuschias ajoutent leur notes de couleur à la dominante verte et grise. Les quelques arbres qui ont osé pousser ici le paient de leur minuscule taille, incapables de redresser la tête, façonnés par un vent d'ouest qui ne faiblit jamais. On ne brave pas les éléments dans ce pays !  

Cette route magnifique est malheureusement trop vite parcourue.

Les photos valent mieux que mille mots..

Les photos valent mieux que mille mots..

Bog Road

Bog Road

On ne se lasse jamais de les photographier..

On ne se lasse jamais de les photographier..

Le télé nous les rapproche un peu..

Le télé nous les rapproche un peu..

En bordure de route.

En bordure de route.

Petit arbre deviendra grand... mais pas ici..

Petit arbre deviendra grand... mais pas ici..

"L'oeil du Bog Road", 100% naturel, garanti sans retouches Photoshop..

"L'oeil du Bog Road", 100% naturel, garanti sans retouches Photoshop..

Le Bog Road se termine à Toombeola et le paysage change brutalement. De la tourbière sauvage balayée par les vents, nous voici sur une route côtière magnifique. Cashel n'est plus qu'à une dizaine de kilomètres.

 

Pas grand monde sur notre petite route..

Pas grand monde sur notre petite route..

Les derniers kilomètres longent une anse.

Les derniers kilomètres longent une anse.

Les éléments tourmentent la 'flore' mais la 'faune' reste impassible.

Les éléments tourmentent la 'flore' mais la 'faune' reste impassible.

Vers 18h00 on arrive enfin au Cashel House Hotel, Une belle, grande et vieille demeure nichée dans un jardin délirant conçu comme une poupée russe : en le parcourant, c'était comme si chaque section en contenait une autre, à chaque fois un peu plus petite, plus délicate, plus fleurie...

On dîne sur place dans une très grande véranda transformée en salle de restaurant. Service et nourriture impeccables. On fait la connaissance d'un jeune stagiaire français en bac pro restauration. Garçon professionnel (déjà !) et sympathique, visiblement heureux de pouvoir parler  à des Français.

La tête fourmillant du ressenti de cette exceptionnelle journée, les sens tourbillonnant encore comme un manège fou, les cyclistes ferment le ban sans passer par la case 'tisane' !

 

 

 

11 septembre 2016.

Le petit déjeuner est pris dans la même salle que le dîner hier soir. Le menu est époustouflant. Au-delà des classiques, le Cashel House Hotel propose des kippers (harengs fumés réchauffés au bain-marie, du porridge (flocons d'avoine cuits), du steak et même des rognons... Bien évidemment, les oeufs servis viennent des poules du domaine.. Le choix fut difficile.

Avant de partir, une visite des jardins s'impose. Dans l'histoire de cette maison, les propriétaires successifs semblent avoir tant 'investi' dans les extérieurs que nous ne pouvions pas quitter les lieux sans en faire le tour. Chaque section est à thème. La végétation est luxuriante car ici pas de soucis de sècheresse. Les jardins s'emboîtent harmonieusement les uns dans les autres, jusqu'au bout de la propriété, alternant fleurs et verdure de part et d'autre d'un petit chemin valloné, serpentant parmi de nombreuses essences d'arbres, de mares garnies de plantes aquatiques...et se terminant par quelques pieds de houblon accrochés à un vieux mur. Il a fallu des années, des générations pour en arriver là. C'est très beau. 

Très rapidement, après avoir quitté Cashel on se retouve de nouveau sur la N59 que l'on avait empruntée la semaine dernière en direction de Kylemore Pass. Cette fois nous ne la quitterons (malheureusement) pas de la journée.

 

 

Notre B & B à une autre époque. La véranda fut rajoutée plus tard, à droite du bâtiment.

Notre B & B à une autre époque. La véranda fut rajoutée plus tard, à droite du bâtiment.

La météo d'hier était plus agréable..

La météo d'hier était plus agréable..

Le point rose au centre de l'image, c'est Jenny, profitant d'une descente interminable !

Le point rose au centre de l'image, c'est Jenny, profitant d'une descente interminable !

La N59 est un calvaire. Non seulement elle est étroite, mais le revêtement est souvent pourri. Ajouté à celà, une circulation de fous roulants à tombeau ouvert. La cerise sur le gâteau, c'est le vent qui souffle aujourd'hui en rafale,s atteignant parfois 80 km/h. Il venait de nos 2h la plupart du temps..Quelques grains nous obligent à la gymnastique habituelle avec les habits de pluie..

On fait un bref arrêt à Recess, histoire de visiter le magasin Joyce et nous mettre à l'abri. On y retrouvera la postière de Clifden qui donne un coup de main le weekend. Le magasin est 'mortel' tant par les lainages, les bijoux gaéliques, et toutes sortes d'objets artisanaux 'not made in China'..

Sur le parking trône une "antiquité de la fin du XXè siècle" : le Géant du Connemara. La statue a été érigée par le magasin "sans raison apparente" selon ce qui est écrit sur la plaque.

La météo n'affecte pas l'humour de ce peuple..

Le Géant du Connemara.

Le Géant du Connemara.

Mexique ? Irlande ? On n'en verra très peu d'anciennes.

Mexique ? Irlande ? On n'en verra très peu d'anciennes.

Libres comme l'air.

Libres comme l'air.

On s'arrête à Maam Cross pour le pique-nique. C'est un croisement de routes. Le lieu est sinistre. Une station service et un hôtel, "usine à touristes". Des cars y déversent leurs cargaisons pour un 'Irish stew' vite expédié car le Tour du Connemara dans la journée ne permet pas de s'attarder..

Le vent est d'une telle force et le ciel si menaçant qu'il n'est pas question de 'déjeuner' dans la nature comme nous avions fait hier.

La réceptionniste de l'hôtel nous refuse les tables de pique nique de l'établissement, prétextant que seules les personnes ayant acheté leur repas à l'hôtel y avaient accès... C'est la première et la seule personne désagréable que nous avons rencontrée durant nos deux semaines de périple.. Il en fallait une pour confirmer la règle.

Résultat : on se trouve un coin empierré, à côté du lac, partiellement abrité, et on se livre à une gymnastique digne d'un ballet moderne pour préparer les sandwiches, debout, sans table, combattant les bourrasques pour éviter que les fines tranches de jambon et de fromage ne s'envolent avant de rejoindre les tartines... Bel exercice d'équilibriste ! Fallait avoir faim.

Jenny, dans notre salle à manger de dimanche midi..

Jenny, dans notre salle à manger de dimanche midi..

L'arrivée à Oughterard est bénie tant on en avait assez de cette route impossible.

Le vent nous avait expédié deux fois au fossé avec les vélos !! Heureusement que la bruyère amortit les chocs !

La B&B est à la sortie du bourg au bout d'une petite route où tout redevient subitement calme.

Les vélos sont déchargés et remisés dans le garage de la maison. Notre hôtesse, n'ayant pas le coeur de nous dire que tous les restos sont en ville, se propose généreusement de nous confectionner un repas 'à la bonne franquette' avec ce qu'elle avait dans son frigo ! 

Après l'expérience de ce midi et la misérable journée sur la N59, les cyclistes retrouvèrent soudain la bonne humeur (qu'ils n'avaient pas perdue malgré tout).

A 21h00, contents et satisfaits, le père et la fille ronflent d'un sommeil profond !

 

 

Lundi 12 septembre.

Grisaille et pluie pour commencer. On quitte le calme de la maison de Mr et Mme Costelloe à Portacarron, après avoir modifié nos plans relatifs aux Falaises de Moher et Kinvarra. Cela nous donne plus de liberté et ne nous ôte la pression d'avoir à remonter à Galway à temps pour le train de vendredi.

Mise en route, via une série de petites routes de campagne passant par des villages aux noms cocasses, qui nous évitent une bonne partie de la N59. 

Premier arrêt à Knockkillaree au château d'Aughnanure, une splendide 'Irish Tower House' du Moyen-Âge, construit par le clan O'Flaherty. Le bâtiment (restauré) est entouré d'une pelouse d'un vert 'granny', spongieuse à souhait. Un mur d'enceinte entoure l'ensemble.A l'intérieur de la tour des panneaux expliquent l'époque et la 'vie de château' d'alors. Avec le temps, l'expression a pris une autre signification...

 

Une vue du château

Une vue du château

Décor d'un encadrement de fenêtre de la salle des banquets.

Décor d'un encadrement de fenêtre de la salle des banquets.

Abords du château.

Abords du château.

La petite route bordée de haies et d'arbres nous mène à travers les villages de Ardnasillagh, Oakfield, Srue -où une famille de nains de jardin et autre objets divers et variés décoraient le pied d'un gros arbre- Corranellstrum, où un cultivateur avait affiché un panneau au portail d'un champ prévenant le passant que la terre était empoisonnée...., Carrowmoreknock, Knockferry/Burnt House et enfin, Tullokyne et son General Store.

La route est très calme, les 'villages' n'étant en fait que quelques maisons éparpillées ici et là autour d'un carrefour ou une ferme au champs. Les murs de pierre sont encore très présents.

On s'arrête àTullokyne pour acheter les provisions du pique nique. Le magasin vend un peu de tout. Les oeufs sont stockés dehors dans une grande boite fermée par un panneau de plastique ondulé..

Après les bois, les prés..

Après les bois, les prés..

Le rayon 'œufs' du magasin.

Le rayon 'œufs' du magasin.

Le commerçant très sympathique nous indique comment gagner encore quelques kilomètres de calme en longeant le lac Bhaite Ui Choire où on se trouve un coin sympa pour 'déjeuner' (cette fois assis).

La météo, qui avait été très belle une partie de la matinée s'est de nouveau assombrie et ne permet malheureusement pas de quitter la veste pendant le casse-croûte. C'est vrai qu'un marin du Pont-Aven nous avait dit qu'on ne va pas en Irlande pour chercher le soleil... mais quand il est là il chauffe autant qu'ailleurs en cette saison.

Pas très chaud quand-même mais quelle vue !

Pas très chaud quand-même mais quelle vue !

Temps de quitter notre plage et de remettre en route !

Temps de quitter notre plage et de remettre en route !

Peu à peu le bruit de la N59 se rapproche. Dans un dernier village, un champ de céréales attend encore la moisson ! Sont pas en avance..

"Vendanges tardives", version Irlande.

"Vendanges tardives", version Irlande.

Finalement la N59 est moins pénible qu'hier car, approchant Galway, elle est munie de larges BAU de chaque côté, nous évitant ainsi de devoir rouler sur la chaussée principale. L'entrée en ville est pénible pour nos yeux et nos oreilles. Bruit, voitures, gros carrefours, feux rouges, zones commerciales... On en perd vite l'habitude !

L'hôtel est trouvé sans problèmes. Pour à peine plus cher qu'un B & B, on nous donne une petite suite, avec cuisine équipée..d'un lave-linge ! 

Tout y passe, surtout mon cuissard d'hiver qui commençait à refouler les midges..

Le coucher du soleil est magique. Pourvu qu'il indique une belle journée demain !

 

 

Incroyable coucher du soleil !

Incroyable coucher du soleil !

On file en ville et sur la recommendation du volubile marchand de cartes postales, on dîne au "Cellar", un pub-restaurant excellent.

Balade digestive à pieds dans le "Quartier Latin" de Galway, succession de restaurants en terrasse, de pubs, de magasins de souvenirs, de lainages, de petites boutiques etc... et par bonheur, aucune des enseignes mondialisées qui stérilisent tant de centres-villes à travers la planète.. 

La musique est présente partout, dans les pubs et sur le trottoir. Bière et alcool desinhibent des jeunes qui déambulent bruyamment dans les rues étroites, commentant les musiques ou tentant leur chance auprès de la gent féminine toute aussi délurée.

Une "contribution à la culture" orne la place Eyre. On verra ça vendredi.

Demain, c'est direction Kinvarra !

 

 

Un coin de Quartier Latin à Galway..

Un coin de Quartier Latin à Galway..

Mardi 13 septembre.

Super beau temps au réveil...et ça le restera tout au long de la journée.

Après quelques courses en ville on met en route pour l'Office du Tourisme en bas de la côte.

Le local est vaste.. Deux employées officient derrière un long comptoir. J'obtiens un coup de tampon pour le carnet. Ce sera Salthill, la fameuse plage au plongeoir années '50 que nous avions vue au debut de notre périple.

Quand je leur demande des détails sur la route à prendre pour nous rendre à Kinvarra elles sortent le parapluie en me disant que c'est de la folie d'y aller en vélo, que la N18 est très dangereuse, que nous devrions envisager une autre destination ou charger les vélos dans le bus etc... "Too dangerous...Lots of lorries and cars... take the bus... load the bikes..." Ben voyons !

Je les remercie pour leurs conseils et nous mettons le cap vers la N18, histoire de voir par nous-mêmes, nous disant que ça ne pouvait pas être pire que la N59 dimanche..

Après avoir quitté Galway on peut emprunter un bout de R338 pendant quelques kilomètres, jusqu'à Oranmore. La route est calme. Elle longe la baie.

On rattrape la N18 à Oranmore. Il y a une dizaine de kilomètres jusqu'à Kilcolgan où on bifurque sur la R67 jusqu'à Kinvarra. 

En fin de compte, la N18 est bien moins "effrayante" que ce que l'on nous avait dit et certainement plus sûre que la N59 car elle est bordée de part et d'autre de larges bandes d'arrêt d'urgence que de nombreux cyclistes empruntent, comme nous.

La seule 'difficulté' se situe au niveau de Clarinbridge, petit bourg à mi-chemin de Kilcolgan. Là la 'nationale' perd ses BAU en traversée du village. 

On s'arrête cinq minutes sur la place histoire de passer à la poste.

 

 

Rencontre insolite à Clarinbridge... il manquait la baguette sous l'autre bras et le litron de rouge dans la poche de veste..

Rencontre insolite à Clarinbridge... il manquait la baguette sous l'autre bras et le litron de rouge dans la poche de veste..

Le soleil fait du bien. Les quelques kilomètres restants se parcourent sans problèmes. 

L'entrée à Kinvarra est sympathique. Chaumières, un très beau château, un petit 'port', une rue commerçante pleine de boutiques multicolores...et beaucoup de fûts vides devant les bars..

Les vélos sont rapidement déchargés au B & B et après un pique-nique 'en chambre' on se met en route pour explorer le village... porte du Burren (le Pays Pierreux). 

 

Elle nous accueille à l'entrée de Kinvarra

Elle nous accueille à l'entrée de Kinvarra

C'est vrai qu'on en aurait bien envie parfois...

C'est vrai qu'on en aurait bien envie parfois...

Le port de Kinvarra

Le port de Kinvarra

Vue de la baie

Vue de la baie

Le château de Dunguaire à Kinvarra.

Le château de Dunguaire à Kinvarra.

Le salon du château.

Le salon du château.

Des banquets médiévaux avec troubadours sont organisés dans la salle à manger.

Des banquets médiévaux avec troubadours sont organisés dans la salle à manger.

Un Galway Hooker, bateau de pêche traditionnel,  rentrant au port

Un Galway Hooker, bateau de pêche traditionnel, rentrant au port

Le port.

Le port.

M. Green. Les fûts vides défendent l'entrée du pub..

M. Green. Les fûts vides défendent l'entrée du pub..

Trois portes rouges.

Trois portes rouges.

Un dernier coup d’œil au château.

Un dernier coup d’œil au château.

On finit cette excellente journée au Pier House, le très bon restaurant de poisson situé au bout du quai.

Demain, mise en route de bonne heure, direction The Burren et Doolin, via la route côtière et Black Head.

Mercredi 14 septembre.

Ciel couvert mais sol sec...pour le moment. 

On met en route par la route côtière. Vues magnifiques sur la baie de Galway. Dégradés de gris, de bleus et même de violets. Pas mal de circulation à 100km/h sur des routes qui chez nous seraient des petites routes de campagne.. De temps à autre des traversées de vaches changeant de pré ralentissent tout ce monde pressé.

Quelques belles descentes, un peu gâchées par la pensée qu'il va falloir les remonter demain...

Peu à peu le paysage change. On entre dans le Burren avec ses côteaux pierreux et ses murs de pierres. La végétation se fait très rare. Bien souvent rien d'autre qu'un peu d'herbe et quelques buissons rabougris par les éléments.

A Bishops Quarters on s'arrête pour visiter une vieux cimetière et une église en ruines recouverte de lierre. C'est un site étonnant car des tombes ont été creusées dans ce qui fut autrefois le sol de l'église.

Elle a été plus vite descendue que remontée..

Elle a été plus vite descendue que remontée..

On se demande bien à quoi servent les murets ?

On se demande bien à quoi servent les murets ?

Les ruines de l'église de Bishop's Quarters.

Les ruines de l'église de Bishop's Quarters.

Paysage infini.

Paysage infini.

Difficile de départager les trois éléments

Difficile de départager les trois éléments

A Ballyvaghan, la majeure partie de la circulation coupe à travers le Burren, en direction des Falaises de Moher. Nous, on retrouve le calme de la petite route qui mène à Black Head. Le paysage de part et d'autre de la route devient de plus en plus sauvage. La roche est partout.  

A ce niveau il y a encore de la verdure..

A ce niveau il y a encore de la verdure..

Plus on avançait vers la pointe, plus la météo devenait menaçante. D'abord on a droit à un crachin fin et pénétrant, puis c'est une pluie franche, froide et drue. Bien sûr, juste au moment où le paysage devient ahurissant, juste au moment où l'on aurait souhaité sortir l'appareil photo pour partager ce qui s'étalait devant nos yeux à Murrooghtoohy : un paysage indescriptible, une carapace de pierre fissurée, chamboulée, recouvrant le sol jusque dans les flots, en contrebas. 

Heureusement que Jenny a pu capter l'esprit du lieu sur son téléphone, moins vulnérable que mon appareil photo.

La route file plein sud à partir de Black Head et comme la pluie ne faiblit pas, on décide de s'arrêter à Craggah, chez O'Donohue, l'unique pub sur la route, pour manger chaud et tâcher de sécher un peu. 

Sans exagération aucune, j'affirme que le Fish 'n Chips de l'établissement doit être un des meilleurs du pays ! 

Les deux cyclistes qui avaient voulu nous vendre des ânes à Ballvaughan étaient attablés à côté de nous, terrassés eux aussi par la pluie.

Le plafond du pub est tapissé de billets d'un dollar américain. Il y règne la bonne atmosphère typique des pubs qui se sont patinés à la 'vapeur' de bière et de whiskey, aux histoires et aux rires des clients et aux sons du violon qu'on y joue le soir.

Murrooghtoohy (à vos souhaits...), sous la pluie..

Murrooghtoohy (à vos souhaits...), sous la pluie..

Un établissement qui vaut le détour !

Un établissement qui vaut le détour !

Fish 'n Chips and mushy peas... un régal !

Fish 'n Chips and mushy peas... un régal !

Pas entièrement séchés malgré plusieurs passages sous la soufflante d'air chaud des toilettes, on remet en route sur la R477. La pluie ayant cessé, on s'arrête de nombreuses fois pour photographier cette région magnifique.

 

Alors que l'église tombe en ruines..

Alors que l'église tombe en ruines..

...les Tisons de Satan se dressent !

...les Tisons de Satan se dressent !

Un 'nouveau Murrooghtoohy' nous attend après Black Head. Juste après un virage le peu de verdure laisse la place à une deuxième étendue de dalles de calcaire fissurées qui dévalent elles aussi, jusqu'à la mer. C'est très impressionnant, et le ciel, redevenu clair et sec, même un brin ensoleillé, nous permet cette fois une 'visite'.

Rien que de la pierre ! (au loin, les îles d'Aran)

Rien que de la pierre ! (au loin, les îles d'Aran)

Encore de la pierre !

Encore de la pierre !

Quelques plantes ont trouvé le moyen de se développer dans les anfractuosités de la roche, qui malheureusement servent aussi de poubelle aux visiteurs peu respectueux de ces lieux exceptionnels. On y verra canettes, gobelets, sacs en plastique etc.. et même une table à repasser !

On passe un bon moment à admirer ce paysage incroyable avec les îles d'Aran en toile de fond.

Au fond, les îles d'Aran..

Au fond, les îles d'Aran..

Un chardon..

Un chardon..

Peut-être un Salsifis des Prés ?

Peut-être un Salsifis des Prés ?

Des murailles de roche !

Des murailles de roche !

Au loin, l'extrémité des Falaises de Moher..

Au loin, l'extrémité des Falaises de Moher..

En route pour Doolin on laisse le Burren derrière nous... jusqu'à demain..

En route pour Doolin on laisse le Burren derrière nous... jusqu'à demain..

Après avoir passé un long moment à parcourir ce lieu unique, soufflés par le vent, assourdis par la mer en contrebas, on repart en direction de Doolin dans une descente interminable qui sera, comme on s'en doutait, suivie par une côte très pentue, serpentant à travers des haies de verdure pendant un kilomètre ou deux, jusqu'au château de Ballinalacken d'où part le chemin menant au village.

La Guest House n'est qu'à quelques coups de pédale de l'intersection, heureusement d'ailleurs car on avait eu notre 'dose' des éléments et du relief.

Ceci dit, une fois la douche prise et des habits secs sur le dos on a vite oublié les 'peines' de la journée tant les paysages traversés, les rencontres faites et l'accueil de notre hôtesse à la B &B avaient été exceptionnelles !

 

Jeudi 15 septembre.

Vu le coucher du soleil d'hier soir, la journée devrait être belle, bien que ce soit encore un peu couvert pour l'instant !

C'est vrai qu'il était beau ce coucher du soleil d'hier soir !

C'est vrai qu'il était beau ce coucher du soleil d'hier soir !

Mise en route vers Doolin 'centre'.. C'est une enfilade de pubs, d'hôtels et de maisons diverses. Quelques magasins et beaucoup de B & B. L'Office du Tourisme n'est pas meilleur que celui de Galway. Au bout de la rue l'embarcadère pour les îles d'Aran. Pour nous ce sera la route qui monte vers les falaises. Départ altitude + 5m. Arrivée altitude plus ou moins 190m. Très physique mise en jambes. Va falloir mouliner.  

Les trois îles d'Aran. Inishmore c'est la plus lointaine.

Les trois îles d'Aran. Inishmore c'est la plus lointaine.

Après une montée de 13 km et pas mal de circulation, on arrive au parking où un employé nous informe que les ceusse qui arrivent à vélo se garent gratuitement, tout près du Visitor Center. Ici, ils mettent en pratique leurs recommandations et nous on économise plus de € 10.

 

Pas de langue de bois !

Pas de langue de bois !

Le ciel est encore bien gris quand on arrive aux falaises de Moher mais c'est sec. Le Visitor Center a été judicieusement creusé dans la colline. Ainsi on ne voit que la porte d'entrée et quelques vitres éclairant une partie de l'intérieur. Tout est recouvert d'herbe. C'est une énorme caverne à souvenirs et à nourriture avec tout de même une section 'expo' décrivant la formation des falaises ainsi que la faune et la flore de ce lieu étonnant. Un cinéma Imax projette un film tournant quasiment en boucle. Pendant dix minutes le spectateur est un Fou de Bassan vivant toutes les acrobaties aériennes et sous-marines de l'oiseau. Les prises de vues, le montage et les effets sont splendides. Faut simplement avoir pris son petit déjeuner bien avant de voir le film...

On file vers les belvédères pour découvrir enfin ce que l'on était venus voir. La vue sur les falaises est époustouflante. C'est si énorme que l'on a du mal à réaliser les hauteurs qui oscillent entre 170 et 214m. C'est seulement lorsqu'on voit un touriste sur le chemin de crête que l'on prend la mesure des lieux.  

Ça commence par une vue d'ensemble..

Ça commence par une vue d'ensemble..

Très vite on veut voir les 'détails'.

Très vite on veut voir les 'détails'.

On reprend un peu de recul..

On reprend un peu de recul..

Les touristes en haut donnent une idée de la hauteur du plongeoir..

Les touristes en haut donnent une idée de la hauteur du plongeoir..

Pas question de se baigner par là..

Pas question de se baigner par là..

Difficile d'imaginer la taille des blocs !

Difficile d'imaginer la taille des blocs !

Rien ne résistera à l'assaut des vagues.

Rien ne résistera à l'assaut des vagues.

Après déjeuner, le soleil est revenu.

Après déjeuner, le soleil est revenu.

...et l'homme croit qu'il domptera la nature ?

...et l'homme croit qu'il domptera la nature ?

Là, l'à-pic est de plus de 200m...

Là, l'à-pic est de plus de 200m...

Les 'Bens' sont toujours là...

Les 'Bens' sont toujours là...

Un dernier coup d’œil avant de partir...

Un dernier coup d’œil avant de partir...

Le début du retour est un vrai régal... Pas un coup de pédale pendant plusieurs kilomètres !

Malgré tout, quelques côtes bien cassantes s'insèrent dans le parcours. On s'arrête à Lisdoonvarna. La Poste nous met plusieurs coups de tampon dans les carnets. La route jusqu'à Ballyvaughan passe dans le centre du Burren. On nous avait que Corkscrew Hill serait sympa et que c'était une descente continue jusqu'à la côte... Mais on s'était bien gardé de nous dire qu'avant la descente il y aurait une montée d'enfer de plusieurs kilomètres, du même tonneau que ce que l'on avait vécu le matin !

Sur la route de Lisdoonvarna, la baie de Galway.

Sur la route de Lisdoonvarna, la baie de Galway.

Le mauvais goût est universel.

Le mauvais goût est universel.

Ayant finalement atteint le point culminant de la route, on se préparait à savourer les 8km de descente quand soudain un grain nous rattrape, nous obligeant à enfiler rapidement les vêtements de pluie.

Dommage, car Corkscrew Hill vaut le détour, mais seulement dans le sens Lisdoonvarna - Ballyvaughan... Envisager le trajet inverse n'est pas concevable pour le cyclo bien chargé, à moins d'avoir rempli ses gourdes dans le seau d'eau bénite de l'église de Ballyvaughan. 

Vaut mieux prendre une Guinness, c'est certainement plus hygiénique..

Vaut mieux prendre une Guinness, c'est certainement plus hygiénique..

Le reste du parcours de retour sur Kinvarra est le même que celui emprunté hier, en sens inverse. Les montées et les descentes se succèdent. On rencontre un jeune Australien en VTT, tirant une remorque avec planche de surf.. Il venait d'Ecosse et se rendait en France.. Sourire, bonne humeur, optimisme ! Bonne route Josh ! 

Quelques très belles lumières sur le Burren.

Pas besoin de calculs compliqués pour connaître la direction des vents dominants..

Pas besoin de calculs compliqués pour connaître la direction des vents dominants..

Magnifique jeu de lumières et d'ombres.

Magnifique jeu de lumières et d'ombres.

...et quand c'est sombre d'un côté, c'est éclairé de l'autre..

...et quand c'est sombre d'un côté, c'est éclairé de l'autre..

Un dernier coup d’œil au Burren..

Un dernier coup d’œil au Burren..

Les plus-de-60 km de la journée, 'up' plus souvent que 'down', avaient eu raison des forces et de la patience de Jenny. Il était temps que l'on arrive car elle avait eu son compte. A 18h30 on passe finalement la porte du B & B, contents de ranger les vélos, enlever les chaussures et de prendre une douche 'réparatrice'.

Soirée dans le même restaurant qu'hier. Un verre de l'excellent whiskey 'Connemara' nous fait vite oublier les 'galères' de la journée.

On en avait bavé, mais ce que nous avions découvert et vu vallait bien les efforts subis tout au long de cette magnifique journée. 

 

C'était la dernière, on la redoutait..

C'était la dernière, on la redoutait..

Vendredi 16 septembre.

Un dernier regard sur Kinvarra avant de mettre en route. La place en bas s'active. C'est le marché 'fermier'. Les stands se mettent en place tout doucement d'autant plus que le ciel de traîne a apporté de la fraîcheur.

La place vue de notre perchoir au B&B

La place vue de notre perchoir au B&B

Un peu kitsch quand-même...

Un peu kitsch quand-même...

On avale les 28 km jusqu'à Galway sans peine. Dans les faubourgs, beau graffitti, certainement pas du goût par la SPA... Le coq va perdre des plumes. 

Avant midi on est sur la Place Eyre, au centre ville. Un jeune cycliste bien chargé lui aussi nous aborde. Il avait repéré mon petit Gwenn ha Du de 'Breton d'adoption'. Brin de causette. Surprise ! Sa grand-mère habite Saint Nolff pas très loin de chez nous...

Lui et son amie parcourent l'Irlande depuis trois semaines et rentrent comme nous par le Ferry de demain. Je lui promets de passer dire un petit bonjour à son aïeule.

 

L'équipe de France n'a qu'à bien se tenir, or else !..

L'équipe de France n'a qu'à bien se tenir, or else !..

Galway a aussi sa "Contribution à la Culture".. Tout est permis quand c'est le contribuable que paye..

Galway a aussi sa "Contribution à la Culture".. Tout est permis quand c'est le contribuable que paye..

Pas vraiment envie de rentrer...

Pas vraiment envie de rentrer...

13h15 : direction la gare. On charge les vélos dans les deux places prévues à cet effet et en route pour Limerick Junction, via Limerick. Grâce à un retard de dix minutes, on n'a pas à changer de train à Limerick pour les 10 minutes de trajet jusqu'à Limerick Junction. Ouf ! 

Une heure d'attente sur un quai désert bien aéré par un vent très frais en espérant que le train venant de Dublin ne serait pas en retard. Minuscule salle d'attente. Guichets fermés. La seule activité vient du distributeur de coca et de chips. L'unique employé rencontré dans la gare nous rassure. "Prenez votre temps" qu'il nous dit. "Le train restera à quai tant que vous n'aurez pas tout chargé". Sympa !

En Irlande, les trains roulent à droite..

En Irlande, les trains roulent à droite..

Cork, terminus donc pas de pression pour tout débarquer. Les sens uniques autour de la gare compliquent un peu l'accès à la 'Scenic route' que l'on devait emprunter pour rejoindre Carrigaline. Entre temps, l'établissement que Jenny nous avait réservé nous avait informé qu'ils étaient en surbooking et qu'ils ne pourraient nous recevoir. La bonne nouvelle c'est qu'ils nous avaient réservé une chambre dans un bel hôtel 4* à côté. On ne paierait que le prix de la B&B, eux se chargeant de régler le reste.

Il est plus de 20h00 quand enfin on arrive à destination. Il fait nuit et on a hâte d'arriver. Check-in sans problèmes, vélos débâtés et rangés dans la salle du coffre... Chambre immense. Repas vite avalé au bar car le match de foot Chelsea - Liverpool chauffait les esprits des clients, devenus très bruyants. 

Pour comble, notre chambre était située juste au-dessus le la salle des banquets où se déroulait une réception de marriage de blings-blings friqués (et en surpoids).

On a le droit à la bande musicale 'live' et aux babillages des invités dans le parking sous notre fenêtre..

Heureusement, la fatigue de la journée nous sauve et Morphée fait le reste !

Le port de Cork.

Le port de Cork.

Samedi 17 septembre.

Réveillés de bonne heure. La noce bling-bling n'avait pas eu de conséquences sur le sommeil. Ciel clair, même quelques rayons de soleil et un peu de ciel bleu en prime..

Petit déj tardif car ce matin il n'y avait pas le feu. Le check-out était à midi et l'embarquement vers 14h00...et nous n'avions que 8km à parcourir pour nous rendre à Ringaskiddy où le bateau nous attendait.

Vers 11h00 on quitte les lieux, non sans avoir pris la photo souvenir des vélos dans le hall de l'hôtel.. Ils n'avaient jamais roulé sur de la moquette. C'avait dû leur faire drôle !

 

Pas grand monde au parking du Ferry. On était parmi les premiers arrivés et nos vélos étaient en tête de file dans la rangée des deux roues. Une fois encore, les petits fanions ont entrainé pas mal de causettes : un couple de Surzur, une dame de Brest, un monsieur de Locminé..

Mais pas de signe des jeunes Français rencontrés la veille à Galway. On se demandait si leur choix de prendre le bus de Galway à Cork, avec armes et bagages, n'avait pas tourné au vinaigre..

On nous permet d'embarquer parmi les premiers. Sympa ! Dommage que lors du départ de Roscoff il y a 15 jours cela n'ait pas été le cas, car aujourd'hui il fait 'beau' alors que ce jour-là il pleuvait.

Les deux cyclistes et leurs montures dans le hall de l'hôtel...

Les deux cyclistes et leurs montures dans le hall de l'hôtel...

Un petit 'V' de victoire, mais le cœur n'y était pas..

Un petit 'V' de victoire, mais le cœur n'y était pas..

Avalés par la baleine...

Avalés par la baleine...

Les vélos sont attachés au même endroit qu'à l'aller.

Notre cabine donne sur la mer. Cette fois elle est calme mais le ciel s'est couvert et tout est dans les tons de gris..

Je passe un bon moment sur les différents ponts à regarder l'Irlande s'éloigner doucement derrière le navire et à rêver à ce que nous venions de vivre pendant les 650 km parcourus à travers ce magnifique pays. Heureusement, les maisons colorées du rivage rendaient un peu moins triste cette fin de périple

Un vieux couple d'Irlande du nord, rencontré au dîner, nous vante la beauté de l'Ulster. Pas de doute, comme 'jamais deux sans trois', il faudra revenir.

Le "Pont-Aven" est une vitrine des arts bretons.

Le "Pont-Aven" est une vitrine des arts bretons.

Sortie de Ringaskiddy.

Sortie de Ringaskiddy.

Une autre 'rue'..

Une autre 'rue'..

Maintenant c'est la haute mer..

Maintenant c'est la haute mer..

En bas ça brassait bien..

En bas ça brassait bien..

Loin derrière, sur l'horizon, c'est l'Irlande.

Loin derrière, sur l'horizon, c'est l'Irlande.

Dimanche 18 septembre.

Levés à 04h45, heure irlandaise...car le Ferry arrive à Roscoff à 06h00.

Petit déjeuner vite avalé, cabine libérée et descente au pont numéro 3 donnant accès aux ânes de métal qui n'avaient pas bougé. Débarquement sans problèmes, douane idem. Il fait nuit !

On revoit Erwin et son amie à la sortie de la douane. Finalement ils étaient arrivés juste avant le départ du navire. Quelques mots d'encouragement et on met en route pour Morlaix via Saint Pol de Léon.

Notre café de la dernière fois est fermé ! Y'a plus qu'à continuer vers Morlaix que l'on atteint sans problèmes, si ce n'est un formidable coup de blues de ma fille, dur retour à la réalité de la vie après la quinzaine extraordinaire à pédaler à travers l'Irlande...

Quand faut y aller, faut y aller...

Quand faut y aller, faut y aller...

Au petit matin à Locquénolé..

Au petit matin à Locquénolé..

Un double expresso au Café du Commerce de Morlaix, sous le viaduc qui nous surplombe nous remet d'aplomb. On passe quelques instants à admirer une expo de voitures américaines garées sur la place.

La montée à la gare, située tout là-haut, au niveau du viaduc, se fait d'une traîte.

Après ce que l'on avait vécu au retour des falaises de Moher, ce n'est pas une côte comme ça qui nous aurait fait peur !

Le chef de gare sympa nous permet de traverser les voies afin de ne pas avoir à tout démonter si on était passés par l'escalier.

Comme d'hab, on est en voiture N° 1, celle des vélos... C'est plein et ça sent le fauve..

Tout ayant été préparé d'avance, le chargement se fait sans peine.

Retour interminable vers la capitale avec une seule idée en tête : recommencer le plus vite possible ! 

C'est là-haut que ça se passe....

C'est là-haut que ça se passe....

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Rédigé par johnsbikingtrips

Publié dans #Irlande Connemara 2

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